Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendamment même de toute propagande, sont devenues consciemment socialistes. La sympathie universelle et profonde que la Commune de Paris a rencontrée dans le prolétariat de tous les pays en est une preuve.

Mais les masses, c’est la force, c’est au moins l’élément essentiel de toute force ; que leur manque-t-il donc pour renverser un ordre de choses qu’elles détestent ? Il leur manque deux choses : l’organisation et la science, les deux choses précisément qui constituent aujourd’hui et qui ont toujours constitué la puissance de tous les gouvernements.

Donc, l’organisation, d’abord, qui d’ailleurs ne peut jamais s’établir sans le concours de la science. Grâce à l’organisation militaire, un bataillon, mille hommes armés peuvent tenir et tiennent effectivement en respect un million de peuple armé aussi, mais désorganisé. Grâce à l’organisation bureaucratique, l’État, avec quelques centaines de mille employés, enchaîne des pays immenses. Donc, pour créer une force populaire capable d’écraser la force militaire et civile de l’État, il faut organiser le prolétariat.

C’est ce que fait précisément l’Association Internationale des Travailleurs, et, le jour |128 où elle aura reçu et organisé dans son sein la moitié, le tiers, le quart, ou seulement la dixième partie du prolétariat de l’Europe, l’État, les États auront cessé d’exister. L’organisation de l’Internationale, ayant pour but non la création d’États ou de des-