Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Rien n’est, en effet, ni aussi universel ni aussi ancien que l’inique et l’absurde ; c’est au contraire la vérité, la justice qui, dans le développement des sociétés humaines, sont les moins universelles, les plus jeunes. Ainsi s’explique d’ailleurs un phénomène historique constant, les persécutions dont ceux qui proclament les premiers la vérité, ont été et continuent d’être les objets de la part des représentants officiels, patentés et intéressés des croyances « universelles » et « antiques », et souvent aussi de la part de ces mêmes masses populaires qui, après les avoir d’abord méconnus, finissent toujours par adapter et par faire triompher leurs idées.

Pour nous, matérialistes et socialistes révolutionnaires, il n’est rien qui nous étonne, ni nous effraie dans ce phénomène historique. Forts de notre conscience, de notre amour pour la vérité quand même, de cette passion logique qui constitue à elle seule une grande puissance, et en dehors de laquelle il n’est point de pensée : forts de notre passion pour la Justice et de notre foi inébranlable dans le triomphe de l’humanité sur toutes les bestialités théoriques et pratiques ; forts enfin de la confiance et de l’appui mutuels que se donnent le petit nombre de ceux qui partagent nos convictions, nous nous résignons pour nous-mêmes à toutes les conséquences de ce phénomène historique, dans lequel nous voyons la manifestation d’une loi sociale aussi invariable que toutes les autres lois qui gouvernent le monde.

Cette loi est une conséquence logique ; inévitable de l’origine animale de la société humaine ; et en face de toutes les preuves scientifiques, physiologiques, psychologiques, historiques, qui se sont accumulées de nos jours, aussi bien qu’en face des exploits des Allemands