Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/36

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croyance en Dieu restera intacte et ne manquera jamais de pousser des rejetons nouveaux. C’est ainsi que de nos jours, dans certaines régions de la plus haute société, le spiritisme tend à s’installer sur les ruines du christianisme.

Ce n’est pas seulement dans l’intérêt des masses, c’est dans celui de la santé de notre propre esprit, que nous devons nous efforcer de comprendre la genèse historique, la succession des causes qui ont développé et produit l’idée de Dieu dans la conscience des hommes. Nous aurons beau nous dire et nous croire athées, tant que nous n’aurons pas compris ces causes, nous nous laisserons toujours plus ou moins dominer par les clameurs de cette conscience universelle dont nous n’aurons pas surpris le secret, et vu la faiblesse naturelle de l’individu, même du plus fort, contre l’influence toute puissante du milieu social qui l’entrave, nous courrons toujours le risque de retomber tôt ou tard, et d’une manière ou d’une autre, dans l’abime de l’absurdité religieuse. Les exemples de ces conversions honteuses sont fréquents dans la société actuelle.


J’ai dit la raison pratique principale de la puissance éxercée encore aujourd’hui par les croyances religieuses sur les masses. Ces dispositions mystiques ne dénotent pas tant chez l’homme une aberration de l’esprit qu’un profond mécontentement du cœur. C’est la protestation instinctive et passionnée de l’être humain contre les étroitesses, les platitudes, les douleurs et les hontes d’une existence misérable. Contre cette maladie, ai-je dit, il n’est qu’un seul remède : la Révolution sociale.

En d’autres écrits, j’ai tâché d’exposer les causes qui