Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nomique des masses, sous la protection et avec la bénédiction directe et spéciale d’une divinité quelconque ; que tous les États qui, à leur origine, comme on sait, n’ont été avec toutes leurs institutions politiques et juridiques et leurs classes dominantes et privilégiées, que des succursales temporelles de ces diverses Églises, n’ont eu également pour objet principal que cette même exploitation au profit des minorités laïques, indirectement légitimées par l’Église ; enfin qu’en général l’action du bon Dieu et de toutes les idéalités divines sur la terre a finalement abouti, toujours et partout, à fonder le matérialisme prospère du petit nombre sur l’idéalisme fanatique et constamment affamé des masses.

Ce que nous voyons aujourd’hui en est une preuve nouvelle. À l’exception de ces grands cœurs et de ces grands esprits fourvoyés que j’ai nommés plus haut, quels sont aujourd’hui les défenseurs les plus acharnés de l’idéalisme ? D’abord ce sont toutes les cours souveraines. En France, ce furent Napoléon III et son épouse madame Eugénie ; ce sont tous leurs ci-devant ministres, courtisans et ex-maréchaux, depuis Rouher et Bazaine jusqu’à Fleury et Piétri ; ce sont les hommes et les femmes du monde officiel impérial, qui a si bien idéalisé et sauvé la France. Ce sont ses journalistes et ses savants : les Cassagnac, les Girardin, les Duvernois, les Veuillot, les Leverrier, les Dumas… C’est enfin la noire phalange des Jésuites et des Jésuitesses de toute robe ; c’est la haute et moyenne bourgeoisie de la France. Ce sont les doctrinaires libéraux et les libéraux sans doctrine : les Guizot, les Thiers, les Jules Favre, les Pelletan et les Jules Simon, tous défenseurs acharnés de l’exploitation bourgeoise. En Prusse, en