Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/76

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l’humanité : Zoroastre, Bouddha, Moïse, Confucius, Lycurgue, Solon, Socrate, le divin Platon et surtout Jésus-Christ, la complète réalisation de Dieu le fils, enfin recueilli et concentré en une personne humaine : tous les apôtres, saint Pierre, saint Paul et saint Jean, Constantin-le-Grand, Mahomet, puis Grégoire VII, Charlemagne, Dante, selon les uns, Luther aussi, Voltaire et Rousseau, Robespierre et Danton, et beaucoup d’autres grands et saints personnages, dont il est impossible de récapituler tous les noms, mais parmi lesquels, comme Russe, je prie de ne pas oublier saint Nicolas.


Nous voici donc arrivés à la manifestation de Dieu sur la terre. Mais aussitôt que Dieu apparaît, l’homme s’anéantit. On dira quil ne s’anéantit pas puisqu’il est lui-même une parcelle de Dieu. Pardon ! J’admets que la parcelle d’un tout déterminé, limité, quelque petite que soit cette partie, soit une quantité, une grandeur positive. Mais une parcelle de l’infiniment grand, comparée avec lui, est infiniment petite. Multipliez des milliards de milliards par des milliards de milliards, leur produit, en comparaison de l’infiniment grand, sera infiniment petit, et l’infiniment petit est égal à zéro. Dieu est tout, donc l’homme et tout le monde réel avec lui, l’univers, ne sont rien. Vous ne sortirez pas de là.

Dieu apparaît, l’homme s’anéantit ; et plus la Divinité devient grande, plus l’humanité devient misérable. Voilà l’histoire de toutes les religions ; voilà l’effet de toutes les inspirations et de toutes les législations divines. En histoire, le nom de Dieu est la terrible massue avec laquelle les hommes diversement inspirés, les grands génies ont abattu la liberté, la dignité, la raison