Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/15

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Torjok, dans le gouvernement de Tvor. Elle jouissait d’une fortune considérable et tous ses membres avaient reçu une sérieuse culture intellectuelle.

À l’âge de vingt ans, Bakounine entra à l’école d’artillerie à Pétersbourg, où il passa brillamment ses examens ; mais, sans qu’on n’en ait pu connaître le motif, il ne fut pas admis dans la garde et son nom fut porté sur la liste d’un régiment caserné en province. Il s’ennuyait fort dans son village, demeurant la grande partie de la journée étendu sur son lit, sans quitter sa robe de chambre. Il démissionna bientôt et séjourna tantôt à Priamoukhino, dans sa famille, tantôt à Moscou. Dans cette ville il fit connaissance de N. Stankévitch, (1835), entra dans son cercle et s’éprit comme celui-ci de la philosophie allemande. En 1830, il traduisit Fichte Conférences sur la destination des érudits, pour le « Télescope », journal que son directeur, Nadejdine, avait mis à la disposition de Biélinski et de ses amis, du cercle de Stankévitch. Après le départ de ce dernier pour le Caucase et, de là pour l’étranger, où il mourut bientôt, Bakounine marcha à la tête des études philosophiques du cercle. En 1837 il étudia surtout la philosophie de Hegel et chercha à la propager. Il développa jusqu’à l’extrême conservatisme la thèse de Hegel, que tout ce qui existe dans la réalité a sa raison d’être, et il s’efforçait de justifier même la réalité créée par le régime de Nicolas I. Il le déclarait, en général, dans les articles qu’il publia alors dans « l’Observateur de Moscou » qui, après la disparition du « Télescope », passa dans les mains de Biélinski et de ses amis.