Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/18

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était revenu d’exil à Moscou. Il appartenait à un cercle qui, en politique, suivait les idées préconisées par les Français au dix-huitième siècle et par la grande Révolution, ainsi que par le socialisme de Saint-Simon ; il fit connaissance avec les membres du cercle de Stankévitch et, parmi ceux-ci, rencontra Biélinski, Bakounine et Katkoff. Bientôt, le premier alla s’établir à Pétersbourg, et ses amis, Bakounine et Katkoff, commencèrent à fréquenter Ogareff qui était marié. À la fin de 1839, celui-ci écrivait à Herzen, encore en exil à Wladimir, au sujet de ses connaissances anciennes et nouvelles qu’il recevait chez lui ; parlant entr’autres de Bakounine, il dit :

« Bakounine, aussitôt qu’il reste seul, se plonge dans la philosophie de Hegel ; s’il se trouve en compagnie, il s’absorbe aux échecs, au point de ne rien entendre de ce qu’on dit. »

C’est par Ogareff que Biélinski et Bakounine apprirent à connaître Herzen.

Le hegelianisme conservateur de Bakounine et de Biélinski leur valut de violentes répliques de leur nouvel ami, que ces débats engagèrent cependant à étudier la philosophie allemande, et tout particulièrement les théories de Hegel.

Herzen lui-même, rapportant ses conversations d’autrefois avec Biélinski et Bakounine, raconte que, s’adressant un jour à Biélinski, il lui dit, croyant le confondre au point de vue révolutionnaire :

— « Vous arriverez enfin à prétendre que l’effroyable absolutisme sous lequel nous vivons actuellement a sa raison d’être et qu’il doit exister. »