Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/19

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— « Certainement », répondit Biélinski, qui, là-dessus, se mit à réciter la poésie de Pouchkine : Anniversaire de Borodino.

« C’était plus que je n’en pouvais supporter ; après cette déclaration, une lutte désespérée s’engagea entre nous. Or, ce désaccord se propageant chez les autres membres de notre cercle, celui-ci se divisa en deux camps. Bakounine essaya de concilier les deux partis, d’élucider la chose, afin d’étouffer toute cette affaire ; mais plus d’accord sincère ne fut désormais possible entre nous. Irrité, ne pouvant obtenir satisfaction, Biélinski s’en alla à Pétersbourg, et de là, lança ses foudres contre nous, dans un article qu’il intitula également : L’Anniversaire de Borodino.

« Je rompis toutes mes relations avec lui. Quant à Bakounine, bien qu’il s’intéressât encore à ces débats, il devint songeur et bientôt son tact révolutionnaire l’emporta de l’autre côté.

« Biélinski reprocha à Bakounine sa faiblesse et les concessions qu’il faisait, à un tel point, ajoutait-il, que ses amis et ses admirateurs en étaient effrayés. Ceux-ci firent, en effet, chorus avec Biélinski, haussant les épaules, car ils nous regardaient de haut, nous considérant comme des arriérés. »

Peu de temps après avoir fait la connaissance de Herzen, Bakounine lui demanda (le 20 avril 1840) de lui prêter cinq mille roubles, pour aller faire des études à Berlin. Ce subside lui fut accordé par Herzen et Ogareff, sinon en totalité, du moins en grande partie. Et bientôt après, Bakounine se mit en route, passant par Pétersbourg. À cette époque se produisit un évé-