Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/208

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On sent en même temps que l’électricité s’accumule dans l’air et que l’atmosphère en devient de plus en plus chargée — l’orage est imminent. Peut-être, l’explosion éclatera-t-elle plus tard, mais il me semble que le reflux est fini et que c’est la haute marée qui va commencer.

J’ai oublié de vous communiquer encore un fait réjouissant si, toutefois, il est véridique. Les Polonais de différents partis, et parmi eux des hommes de valeur, affirment que les paysans de l’Ukraine, de la Podolie et de la Volhynie, et même ceux de la rive gauche du Dnieper de la Petite Russie, se sont décidément déclarés pour la Pologne et que des négociations sont déjà entamées entre l’Ukraine et le Gouvernement National polonais qui, enfin, a compris combien ses prétentions sur l’Ukraine sont peu fondées et a fait appel au peuple petit-russien pour s’insurger indépendamment, sous le drapeau des Cosaques, au nom de leur liberté nationale.

Sur ce, toutes mes informations, et tous les bruits qui courent ici, sont épuisés. Ce sera, mes amis, votre tour à présent. Je vais vous dire encore quelques mots de mes impressions en Suisse. À Vevey j’ai de nouveau rencontré ce même Sliepa que j’ai déjà connu à Paris. J’ai trouvé en lui le même ami, bon et dévoué, mais il est devenu nerveux jusqu’à la folie et il lui faudra subir une quantité de seaux d’eau fraîche avant qu’il soit apte au travail. J’ai fait encore à Vevey la connaissance de Pogosski. Peut-être, vous avez eu déjà sa visite ; comme il avait l’intention de se rendre à Londres, je lui ai donné une lettre pour vous. Je vous disais dans cette lettre et je vous l’affirme encore, que je n’ai jamais rencontré personne qui eût un aussi merveilleux