Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/263

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et les incendiaires qu’il avait à son service ». Cela fût-il vrai, qu’à mon avis, il n’y avait point de mal, mais c’est un pur mensonge inventé pour les besoins de sa polémique ; donc, au point de vue de l’accusateur lui-même, c’est une calomnie, — comment dirai-je, pour m’exprimer plus poliment, — une calomnie inconvenante. Éclaboussés du sang des Polonais innocents, ces bourreaux, pour apaiser leur conscience qui, semble-t-il, n’est pas encore entièrement étouffée chez eux, et ne pas mourir de honte, se livrent à la calomnie, cherchant à dénigrer leurs nobles victimes. « Que M. Herzen était solidaire avec Bakounine qui imagina la fameuse expédition avortée pour aller au secours des Polonais, c’est un fait indéniable ; d’ailleurs, M. Herzen n’a jamais renié sa solidarité avec ces derniers. Partant, la question se résume ainsi : était-ce par le glaive seul ou encore par le glaive et le feu que l’on s’évertua de porter préjudice à la Russie ? Tentative à laquelle M. Herzen avait participé, sinon directement et matériellement, du moins indirectement et moralement. »

Tu contiens assez de force en toi-même, Herzen, pour avoir besoin du secours de personne ; c’est pourquoi je vais répondre à cette calomnie pour moi seul. Si tu n’avais pas commencé cette polémique, je continuerais à garder le silence comme par le passé, sans m’inquiéter nullement de ce que pourraient dire de moi MM. les Skariatine, les Kraevski[1], les Katkoff, les Aksakoff, etc. Leurs attaques, encouragées par l’auguste sourire, ne m’étonnent pas : « ils font leur métier. » Répondre à ces attaques, serait

  1. Celui-ci, par exemple, ne dit rien du tout ! (Rédact. de la Cloche.)