Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/308

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qui veut bien me préférer au positiviste et optimiste V. Quoi, mon vieux, aujourd’hui les volcans eux-mêmes commencent à vieillir ; ils font entendre un sourd grondement mais ils ne font plus explosion. Sans doute leurs feux souterrains y trouvent une place suffisante à leur travail intérieur, sans qu’il leur soit besoin d’éclater au dehors. Peut-être aussi n’ont-ils pas encore acquis l’intensité nécessaire à une violente expansion. Quant à moi, personnellement, je n’ai pas le moindre désir d’assister au spectacle d’un grandiose feu d’artifice[1]. Actuellement il ne pourrait réjouir que ceux qui ont voulu collaborer à ce réveil et notre immortel ami Badingué ?[2]

Écoute, Herzen, si tu vois un intéressant journal, sous quelque rapport que ce soit, au lieu d’en faire un usage inconvenable après l’avoir lu, envoie-le moi directement à mon adresse : Suisse, canton du Tessin, Locarno, pas Lugano, mais Locarno, sul Lago Maggiore, casa della vedova Pedrazzini ou à Locarno, Signor Angelo Bettoli, per la Signora Stefania.

Surtout, envoie-moi la « Marseillaise » de Rochefort, si tu le peux, bien entendu. J’adresse spécialement cette prière à Natalia Alexéevna qui, je pense, le fera plus volontiers et, surtout, plus régulièrement que toi. Et quant à moi, sais-tu, mon vieux, que je travaille à la traduction de la métaphysique économique de Marx[3], pour laquelle j’ai déjà reçu une avance de 300 roubles et j’en aurai encore 600 à toucher. Je lis Proudhon et la Philosophie positive de

  1. Allusion aux grèves en France à cette époque (Drag.).
  2. Mot illisible dans l’original et écrit en français ; Badinguet, peut-être ? (Trad.)
  3. Bakounine n’a traduit que le commencement du « Capital » (Drag.).