Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/43

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entendre la musique de Reichel et le Hegel de Bakounine ; mais les débats philosophiques l’emportaient sur les symphonies.

« Ces débats me rappelèrent les fameuses « vêpres » chez Tchaadaeff, lorsque Bakounine et Khomiakoff y passèrent des nuits entières, toujours discutant sur ce même Hegel.

« Un soir, (c’était en 1817), Karl Vogt, qui demeurait aussi dans la rue de Bourgogne et rendait souvent visite à Reichel et à Bakounine, parut ennuyé d’écouter les discussions éternelles sur la phénoménologie, et s’en alla chez lui. Le lendemain matin, il revint pour chercher Reichel, avec lequel il devait aller au Jardin des Plantes. Étonné d’entendre à cette heure matinale une conversation animée dans la chambre de Bakounine, il ouvre la porte et que voit-il ? Proudhon et Bakounine assis à la même place où il les avait laissés la veille, devant le feu éteint de la cheminée, terminant par quelques phrases brèves les débats qu’ils avaient entamés le soir. »

Dans ses souvenirs de Sazonoff, doyen des réfugiés politiques russes à l’étranger, Herzen fait le récit suivant :

« Après les premières journées bruyantes de mon séjour à Paris, commencèrent les conversations sérieuses qui me démontrèrent aussitôt que nous n’étions pas accordés sur le même ton. Sazonoff et Bakounine ne furent pas satisfaits des nouvelles que je leur apportais, nouvelles qui se rattachaient bien plus au monde littéraire et aux choses universitaires qu’à la politique. Ils s’attendaient à des informations sur les