Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/45

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une de ses lettres à un espagnol sur les affaires d’Italie, datée d’avril 1872, il écrivait ceci[1] :

« … De sorte que l’Italie, après l’Espagne, et avec l’Espagne, est, peut-être, le pays le plus révolutionnaire à cette heure. Il y a, en Italie, ce qui manque aux autres pays, une jeunesse ardente, énergique, tout à fait déclassée, sans carrière, sans issue, et qui, malgré son origine bourgeoise, n’est ni moralement ni intellectuellement épuisée, comme la jeunesse bourgeoise des autres pays. Aujourd’hui, elle se jette à tête perdue dans le socialisme révolutionnaire… » (L’Alliance de la Démocratie Socialiste et l’Association Internationale des Travailleurs. Rapport et documents publiés, par ordre du Congrès International de la Haye. Londres et Hambourg, chez Otto Meissner, 1873, p. 136).

Entraîné par ses sympathies pour les déclassés, Bakounine regardait d’un œil sceptique, même les ouvriers de profession. Dans son ouvrage : « l’État et l’Anarchie » (t. I, p. 8), nous lisons :

« Oui, l’avènement de la Révolution sociale n’est dans aucun pays si prochain qu’en Italie… En Italie, il n’existe pas, comme dans d’autres pays de l’Europe, une classe d’ouvriers privilégiés, qui, grâce à leur gain considérable, se targuent de l’instruction littéraire qu’ils ont acquise ; ils sont à un tel point dominés par les principes bourgeois, leurs aspirations et leur vanité, qu’ils ne diffèrent des bourgeois eux-mêmes que par leur situation, mais nullement par leur esprit… Au contraire, en Italie, prévaut ce prolétariat

  1. Texte français de Bakounine (Trad.).