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REINE D’ARBIEUX

et se plaignit que l’on n’eût pas mis le vin à rafraîchir. À sept heures passées, rien n’était prêt ! Reine éprouva un soulagement : ces récriminations la dispensaient de lui rendre compte tout de suite de la visite qu’elle avait reçue.

Quand elle voulut parler d’Adrien, il l’interrompit :

— Je sais, je sais… Je l’ai rencontré.

Et haussant les épaules :

— Vous n’étiez donc pas malade pour le recevoir ?

Ils avaient dîné au jardin, comme Germain l’exigeait les soirs où la chaleur était étouffante. Aucun souffle dans les feuillages. Le feu de la journée brûlait encore dans la terre consumée et dans les murs. Reine écarta une guêpe obsédante que les fruits avaient attirée.

— Vous ne mangez pas, dit-il, avec une sorte de ricanement.

Elle se força pour porter à sa bouche quelques cuillerées de potage, puis écarta avec dégoût l’assiette encore pleine.

Il ne parut pas s’en apercevoir et vida plusieurs fois de suite son verre d’un trait. La poussière l’avait altéré. Comme Génie apportait un plat, il saisit en maugréant la carafe d’eau, se leva et se dirigea vers le puits que cachaient des jasmins d’Espagne.

Reine le vit disparaître, l’entendit pomper, savoura cette minute de répit. La mauvaise humeur de Germain la frappait plus vivement que