nées entières silencieuse, les mains désœuvrées, et les yeux fixés sur le feu.
Inquiète, et ne pouvant supporter l'idée que Germain Sourbets, irrité de voir sa demande toujours éludée, se retirerait, Mme Fondespan éclata : il était temps de mettre fin à ces caprices de jeune fille. C’était bien à Reine de faire la difficile ! En réalité, la pensée que cette enfant s’était peut-être éprise de Régis la préoccupait. Jamais elle n’aurait cru qu’il pût être aussi difficile d’imposer son autorité. L’esprit des nouvelles générations changeait chaque jour. À Bazas même, plusieurs jeunes filles parlaient de partir pour l’Angleterre. Cette vie de cloporte, dans une petite ville, auprès de parents qui ne voyageaient qu’à des dates fatidiques, pour aller aux eaux, ne leur paraissait plus supportable. Thérèse Rivière, la fille du notaire, maigre et plate, les cheveux coupés, s’était d’abord contentée de prendre à Bordeaux des leçons de dessin. Elle exigeait maintenant de travailler à Paris, dans un atelier. Où allait-on ? Les familles étaient bien à plaindre ! M. Dutauzin, sentencieux, ramena sa cousine à la question : « Avec le caractère de Reine, et aussi ses hérédités — il appuya sur ce mot en détachant chaque syllabe — il était indispensable d’aboutir le plus tôt possible à un bon mariage. »
— À son âge, il est peu probable qu’elle vous tienne tête, affirma-t-il ; c’est d’ailleurs votre devoir de peser sur elle, puisqu’il s’agit de son avenir, en lui rappelant ce qu’elle vous doit.