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REINE D’ARBIEUX

sombre dégageait l’attache longue et fine de son cou. Elle ouvrit un écrin, le referma. Quand Sour­bets entra, il vit dans la glace, goutte éblouissante, le feu blanc de la bague un peu étroite quelle fai­sait tourner sur son doigt.

Germain resta un instant debout près de la porte, la figure sombre. Il lui semblait découvrir dans les yeux de la jeune femme un éclat plus vif qui l’in­quiétait. Que signifiait cet air animé ? La veille encore, Reine avait assuré que ce déjeuner lui paraissait une corvée. C’était bien vrai qu’elle n’y tenait pas. Mais, à se parer, avec ce soin qui la faisait si délicieuse, elle avait éprouvé un singulier mélange de mélancolie et de plaisir.

— Ne serez-vous point en retard ? dit-elle à son mari, adoucissant d’un sourire ce furtif reproche.

— Nous arriverons toujours assez tôt, riposta Sourbets.

La tentation lui venait de rester chez lui, avec son veston déformé, sa vieille cravate, au lieu de faire « l’idiot » au milieu de gens qui l’horripilaient.

Reine s’assit au salon ; elle l’entendait marcher dans le corridor. Allait-il trouver tout à l’heure quelque raison de se pas partir ? S’il était entré, brusquement, lui donnant l’ordre de se déshabil­ler, elle n’aurait pas été étonnée.

Quand il reparut, elle éprouva un soulagement à voir qu’il s était rasé. Une écorchure saignait sur sa joue brune. Devant le petit portail, l’auto atten­dait. N’avait-il pas oublié de prendre ses gants ?