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Page:Baliseurs de ciels Narbonne Rene, 1945.djvu/173

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tenant aux devoirs qui vous attendent. Préparez-vous à les remplir. Aimez la vie avec ses luttes et ses déboires, sans la rêver facile et simple. Donnez-vous un but en mettant une idée élevée au terme de vos entreprises. Ne considérez jamais un succès comme une fin, mais comme un moyen d’aller plus loin.

« Marquez votre métier de votre personnalité ; notre pays a besoin de jeunes, qui chercheront leurs vraies joies non dans les satisfactions fragiles d’une éphémère réussite, mais qui utiliseront leurs caractères trempés au creuset de la discipline pour approcher leur idéal.

« Ne vous laissez arrêter par aucun succès, par aucun déboire ; à ce prix seulement vous serez des hommes… »

Et je me souviens d’une anecdote contée voici quelques années par l’un de ceux qui avaient servi sous ses ordres.

Un jour Dagnaux allait décoller pour une quelconque mission du temps de paix ; son mécano, le moteur ayant refusé de partir au démarreur, lançait l’hélice à la main. Sur une compression plus dure, le moteur résiste, l’homme insiste et, soudain le moteur part, l’hélice d’un seul coup, fauche une tête et le soldat, plein de vie, n’est plus devant l’appareil, qu’un pauvre sac informe qui se vide de son sang. Dagnaux descend de l’avion : contre sa jambe gauche il claque d’un coup de talon sec sa jambe métallique et porte la main à son casque. Puis il se recueille pour prier. Les assistants ont discerné sur son visage, d’ordinaire impassible, un rayonnement sublime, ils n’osent interrompre sa brève méditation pour enlever le corps ou demander des ordres. Mais déjà