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BALISEURS DE CIELS

se savait battu à ce jeu s’il ne marquait pas un net avantage dans les premières secondes, se fendit à fond ; son adversaire le toucha très légèrement au coude mais déjà l’aviateur, d’un coup formidable asséné en dehors de toutes les règles de l’art, lui avait fendu le front, au-dessus de l’œil droit. À demi aveuglé, l’officier n’eut pas le temps de se mettre en défense ; un deuxième coup lui ouvrit l’arcade sourcilière gauche. Le combat fut arrêté. Beau joueur, Almonacid se déclara satisfait et, courant au Plaza au déjeuner offert en l’honneur de Roig et Vachet par le ministre des Affaires étrangères, il se dirigea vers eux et leur tendant son gant taché de rouge : « Je suis un peu en retard, excusez-moi. Mais j’ai tenu à régler avant midi une affaire qui me tenait à cœur. Tenez, Roig, gardez ce gant qui porte une marque de sang… Ce sang, je l’ai répandu pour Notre aviation. »

Le soir, tous les journaux de Buenos-Ayres commentaient « le coup de sabre d’Almonacid ; il nous avait ouvert le ciel de l’Argentine.

Le lendemain, le président Alvear recevait Roig. Durant sept jours les Français furent les hôtes choyés de Buenos-Ayres. Le 23, du petit terrain de l’Aéro-Club, Roig et Vachet décollaient vers Rio, malgré une dépêche qui signalait une tempête sur les côtes. Suivant rigoureusement leur horaire, ils atterrissaient à 16 heures à Porto-Alegre, où Hamm, dans l’attente des pièces demandées à Rio, commençait de s’impatienter.

Le lendemain, les deux Bréguet décollèrent en pleine tempête ; poussés par l’ouragan, ils franchirent à 220 à l’heure la plus grande partie de leur étape. Mais, vers 11 heures, ils durent se