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Page:Baliseurs de ciels Narbonne Rene, 1945.djvu/75

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C’est à Max Dévé, auquel revient une très grande part dans la réussite du premier voyage France-Nouvelle-Calédonie, qu’il appartient de rapporter ce que fut cette dernière étape, la plus dure du raid.

Il le fit au cours d’une allocution à Plégut (Dordogne), pays natal de Verneilh.

« Le 5 avril 1932, l’équipage du Couzinet-33 s’était réveillé au milieu d’une nuit noire, pluvieuse, et s’était retrouvé dans le sombre hangar de l’aérodrome de Brisbane. Depuis cinq jours que nous étions dans cette ville, Verneilh rongeant son frein, pestait contre le temps abominable qui régnait en Nouvelle-Calédonie où, nous disaient les radiogrammes, le terrain préparé pour nous recevoir était inondé. La veille au soir, un télégramme annonçait enfin un temps acceptable dans la colonie française. Mais c’était maintenant sur la côte australienne que faisaient rage les averses tropicales. Nous avions décidé, néanmoins, de partir. Partir pour cette ultime étape, la plus dure, la plus dangereuse : 1 500 kilomètres au-dessus du Pacifique, sans un bateau, sans un rocher sur la route. Dans la demi-obscurité du jour à peine naissant, je devinais le masque sérieux de Verneilh assis au poste de pilotage. C’était toujours un beau spectacle qu’offrait l’attitude de ce pilote au moment d’un départ. Volontiers souriant, gouailleur quelques instants plus tôt, sa figure devenait, dès qu’il avait pris les commandes, sérieuse, attentive à l’essai des moteurs auquel procédait Munch ; puis, au moment du décollage, on voyait sur son visage une sorte de calme crispation, indice de l’homme parfaitement maître de lui,