Aller au contenu

Page:Baliseurs de ciels Narbonne Rene, 1945.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’homme qui commande à son être, à sa machine, qui domine les éléments eux-mêmes dans la limite de ce que Dieu veut bien lui permettre.

« Du terrain de Brisbane l’avion, lourdement chargé, a grand’peine à décoller sous la pluie qui ne cesse de tomber ; à 6 h. 18 nous sommes en l’air, mais il faut encore, pour franchir les obstacles qui bordent la piste, toute l’incomparable habileté du pilote.

« Je prends, aussitôt décollé, la route vers la Nouvelle-Calédonie ; pendant plus de trois heures il nous faudra batailler contre les éléments : grains, nuages, pluie, remous, tout est contre nous. Le pilote se démène à son volant, il plaisante, lance des regards courroucés vers les gros nuages qui nous chargent ; gaminement, d’un bras, il fait le geste de vouloir écarter un banc de crasse ou gifler un remous… Les heures passent. À partir de 14 heures, un vent debout très violent chassa la pluie mais freina considérablement la marche de l’appareil. Les remous qui gênaient les mesures de dérive ou de cinémométrie risquaient de nuire grandement à la précision de la navigation. Il y avait 7 h. 30 que nous survolions l’océan et j’estimais alors être à environ 300 kilomètres des côtes de la Nouvelle-Calédonie. Il n’y avait plus que de rares nuages et, sachant que l’île était dominée par des montagnes de 1 500 mètres de haut, me souvenant des magnifiques visibilités rencontrées dans les îles de la Sonde, je pensai bientôt voir la terre. Un quart d’heure plus tard, Verneilh, qui, de ses yeux perçants, fouillait attentivement l’horizon, me dit qu’il lui semblait, en effet, distinguer les collines… Mais au bout de dix