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Page:Baliseurs de ciels Narbonne Rene, 1945.djvu/78

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« Nous ne devons plus être qu’à une trentaine de kilomètres de la terre, je vais effectuer un relèvement astronomique » et je lui demandai de manœuvrer afin de faciliter mon observation. Celle-ci était à peine terminée que Verneilh s’écriait : « La terre ! »

« Je ne vis d’abord rien, mais, quelques instants plus tard, devant nous, haut sur l’horizon, nous apparut, dans la grisaille du ciel, une chaîne de montagnes, visible d’abord sur l’avant seulement, puis qui, en quelques minutes, remplit tout le champ ; il y avait dans l’air, autour de l’île, une sorte de brume qui, jusque-là, nous l’avait voilée.

« Verneilh vécut là, j’en suis sûr, l’un des instants les plus captivants, les plus heureux de sa vie d’aviateur.

« Durant quelques minutes il resta impassible, puis, d’émotion, ses yeux se mouillèrent légèrement, et comme je lui tapotai l’épaule, il se pencha à mon oreille : « Pour moi, cela représente deux ans de ma vie »

La voix du colonel Dévé, évoquant à nouveau pour nous cette minute prenante, a tremblé légèrement et c’est avec émotion qu’il poursuit :

« Je savais de quels efforts cette liaison réussie était le fruit.

« C’était de Verneilh qui avait complètement monté l’affaire et en dépit de combien de difficultés. Durant ces longs mois de préparation aucun encouragement officiel, aucun appui financier ne lui était venu en aide. Beaucoup se seraient, à sa place, découragés, auraient renoncé au hardi projet. C’est à sa ténacité magnifique que nous avons dû le succès, à sa volonté agissante. Cet homme, que l’on aurait pu croire fait