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Page:Baliseurs de ciels Narbonne Rene, 1945.djvu/79

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uniquement pour l’action, pour l’exécution de folles randonnées, s’était montré un organisateur remarquable qui surmonta toutes les difficultés, en dépit des conseils des pessimistes. C’est avec René Couzinet, dont il avait su obtenir et mériter la confiance, que Charles de Verneilh put mettre sur pied cette entreprise que beaucoup avaient jugée folle. Ce qu’il y avait de séduisant dans cette aventure, je me souviens l’avoir éprouvé le premier jour où je vis mon pilote tracer sur une longue carte spéciale — une orthodromique Kahn — l’itinéraire prestigieux de 24 000 kilomètres qui reliait par-dessus trois continents et un océan Paris à Nouméa. Il nommait à haute voix les contrées survolées : la Tunisie, la Tripolitaine, l’Égypte, l’Arabie, les Indes anglaises, puis ces pays qui n’avaient jamais reçu la visite d’un avion français venu de France : les Indes néerlandaises, l’Australie, la Nouvelle-Calédonie.

« J’évoquais, en le voyant penché sur cette carte, quelque conquistador traçant sur les grands routiers des océans la croisière de quelque prodigieux voyage. Oui, Verneilh était bien du même sang et de la même lignée que ceux-là qui ne pouvaient vivre qu’en parcourant les espaces inconnus, jalonnant de leurs noms terres et mers inviolées afin de connaître la joie divine, cette joie que dut ressentir le Créateur au soir du premier jour, « celle de voir monter dans un ciel ignoré, du fond de l’océan, des étoiles nouvelles ».

Et maintenant, en ce crépuscule du 5 avril 1932, son rêve devenait tangible : il se matérialisait joliment par l’apparition à la proue de notre avion du pays merveilleux vers lequel nous