Page:Ballanche - Pensées et Fragments, éd. Vulliaud, 1907.djvu/11

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le méditer, s’en pénétrer intimement. Les questions religieuses et sociales qui font l’objet de nos disputes journalières trouvent, dans sa doctrine, une harmonieuse solution.

Enfin, après avoir eu, le premier, le pressentiment du génie du Christianisme, l’Orphée moderne engagea, dans le cours de sa vie, une foule d’esprits dans la voie de la religion ; à ce point même, qu’il aurait pu, nous révèle un contemporain, former une secte. La pureté de ses intentions et la modestie de ses ambitions devaient le garantir de cet écart.

Résumons, en cet instant, les jugements portés sur les œuvres de l’auteur de la Palingénésie sociale, en empruntant la plume d’un Saint-Simonien qui fit retour au christianisme : Alphonse Dory : « Le sens intime de ses ouvrages, le fond de son système, c’est le christianisme : c’est un christianisme philosophique qui sert à expliquer l’homme, à expliquer la société, soit dans le passé, soit dans le présent, soit dans l’avenir. M. Ballanche fait concourir et converger au même but tous les systèmes religieux du monde, l’histoire de tous les peuples, et les réunit dans une vaste unité encyclopédique. »

« Orphée d’une civilisation vieillie, il ne grave pas des hiéroglyphes sur la pierre des obélisques, il ne cache pas l’origine du monde sous les triples voiles de l’initiation, il ne confie pas à des feuilles fugitives les oracles de la sagesse ; mais, armé de nos arts et de nos sciences, il entre, le rameau d’or à la main, dans les ombres du passé, et sous le nom de Tiresias ou de Thamyris, il raconte, il chante ce qu’il a vu. Il unit le goût pur, le sentiment exquis, les proportions élégantes de l’esprit grec, la fécondité allégorique du génie oriental, il célèbre avec le style d’Homère et de Platon, cette lutte des deux principes qui se retrouve dans toutes les cosmogonies primitives :