Page:Balmont - Quelques poèmes, 1916.djvu/119

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J’entends, j’entends ta voix, Terre jeune !
Tout m’est visible, et tout compréhensible : je suis ainsi que Toi.
J’entends comme respirent les fleurs nocturnes,
Je vois comme tressaille le brin d’herbe qui éclôt.
Mais j’ai peur d’un vide soudain qui soit dans mon âme !
À quoi me sert que l’un après l’autre des traits de vie surgissent ?
Ce que j’aime, s’enfuit et se perd...
Sonore est ta voix, ô jeune Terre !
Tu es multicolore pour éternellement !
Je vois tes nuances et les regards secrets.
J’entends harmonieusement lefe chœurs des rythmes,
La voix des rivières et souterraines et solaires, —
Mais, j’ai peur ! parce que les dessins se déchirent,
J’ai peur, ô Terre, — je suis un Homme !
À quoi me servent et les lacs, et la mer, et les monts ?
Serai-je seul, éternellement, avec le rêve ?...