Page:Baltard, Callet - Les Halles centrales de Paris.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
LES HALLES CENTRALES

affecté à la sépulture pour les morts, et au trafic pour les vivants. Cet usage, qui peut nous paraître à bon droit bizarre, mais qui alors semblait tout naturel, subsiste encore dans certaines provinces de France, et dans la plupart des cantons catholiques en Suisse. En 1183, Philippe-Auguste acheta des administrateurs de la maladrerie de Saint-Lazare une foire qu’il transféra au marché des Champeaux : pour donner aux vendeurs la facilité d’abriter leurs marchandises, il fit construire sur ce terrain des étaux couverts, y réunit les deux marchés qui se tenaient auparavant dans la Cité et devant l’ancienne église de la Madeleine, et entoura cet espace d’une muraille percée de portes qui se fermaient pendant la nuit. Telle fut l’origine de l’établissement qu’on nomme aujourd’hui les Halles.

Les Halles, qui portèrent longtemps leur nom primitif de Marché des Innocents, s’étendirent en proportion de la population qui venait chaque jour y chercher sa vie, et chaque siècle y marqua pour ainsi dire son empreinte par des améliorations et des accroissements successifs.

C’est en 1550, sous le règne de Henri II, que Pierre Lescot éleva, sur un terrain dépendant du prieuré des Innocents, une sorte de loge d’agrément, dont Jean Goujon fut chargé de faire la sculpture et les bas-reliefs. Cette loge se composait de trois arcades, dont deux arcades donnant sur la rue Saint-Denis, et une seule sur la rue aux Fers. Trois petites gueules de lions, isolées dans la hauteur du mur de terrasse, jetaient de minces filets d’eau. Ces trois arcades devinrent plus tard l’élément de la fontaine monumentale qui, après avoir occupé pendant longtemps le centre du marché, orne aujourd’hui le nouveau square des Innocents. Il est inutile d’ajouter que, dans ces transformations diverses, on a conservé avec soin l’architecture de Pierre Lescot et la sculpture de Jean Goujon.

En 1762, les magistrats de la ville de Paris acquéraient, en vertu de lettres patentes, et pour la somme de 28,367 livres, l’emplacement de l’ancien hôtel de Soissons, situé rue de Viarmes, et démoli en 1748. après la mort de Victor-Amédée de Savoie, son dernier propriétaire. Sur ces emplacements, la ville faisait construire un