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Page:Baltasar Gracián - L’Homme de cour.djvu/175

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L’HOMME DE COUR

vertu des herbes et des pierres ; c’est là un des plus grands secrets de la vie. L’on connaît les métaux au son, et les personnes au parler. L’intégrité se reconnaît aux paroles, mais encore plus aux effets. C’est ici qu’il est besoin de beaucoup de pénétration, de circonspection, et de précaution.

CCXCII

Être au-dessus, et non au-dessous de son emploi.

Quelque grand que soit le poste, celui qui le tient doit se montrer encore plus grand. Un homme qui a de quoi fournir, va toujours en croissant, et en se signalant davantage dans ses emplois ; au lieu que celui qui a le cœur étroit, se trouve bientôt arrêté, et est enfin réduit à ne pouvoir remplir ses obligations, ni soutenir sa réputation. Auguste se piquait d’être plus grand homme que grand prince. C’est ici qu’il sert beaucoup d’avoir du cœur, et une confiance raisonnable en soi-même.

CCXCIII

De la maturité.

Elle éclate dans l’extérieur, mais encore plus dans les mœurs. La gravité matérielle rend l’or précieux, et la gravité morale la personne. Cette gravité est l’ornement des qualités, par la vénération qu’elle leur attire. L’extérieur de l’homme