d notre armée revint d’Alexandrie, le vaisseau de transport sur lequel je me trouvais avec plusieurs autres officiers fut incapable de tenir la mer, et nous relâchâmes à Messine. Fatigués des incommodités sans nombre de l’existence orientale, des détestables appartemens du Caire et de la vie de vaisseau, nous descendîmes au lazaret ; nous le trouvâmes commode et de bon goût. Vous savez ce que c’est que ce lazaret : une mauvaise cour carrée avec un cimetière au milieu. On est là, isolé des vivans, sans communication avec la terre, et sans autre récréation que l’espérance d’en sortir bientôt. Mes camarades supportaient fort bien leur position ; les journaux anglais que l’on nous envoyait fournissaient un aliment à leur curiosité et à leur gaieté. Ils jouaient, ils chantaient ; j’étais triste et j’ignorais la cause de cette tristesse. Un indicible pressentiment pesait sur moi ; dans nos journaux je ne trouvais rien qui se rapportât à ma famille ou à mes amis ; les journaux stériles comme cette mer aux flots plats et tristes, comme ces murs jaunes et lugubres qui m’environnaient. Mes camarades me raillaient ; je ne savais que leur répondre. Enfin notre quarantaine s’acheva.
»Vous connaissez sans doute la disposition des