Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/392

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En entendant mon arrêt, l’amant eut un léger frisson qui passa sur lui de pied à la tête comme un éclair, et il me sembla voir pâlir sa physionomie sous son masque de velours noir.

La camariste, saisissant un moment où cet homme au désespoir regardait la mourante qui devenait violette, me montra, par un geste, des verres de limonade tout préparés sur une table, en me faisant un signe négatif.

Je compris qu’il fallait m’abstenir de boire, malgré l’horrible chaleur qui me mettait en nage.

Tout à coup l’amant ayant soif prit un de ces verres, et but environ la moitié de la limonade qu’il contenait.

En ce moment, la dame eut une convulsion violente qui m’annonça l’heure favorable à la crise ; et, prenant ma lancette, je la saignai, de force, au bras droit avec assez de bonheur. La camariste reçut dans des serviettes le sang qui jaillissait abondamment ; puis l’inconnue tomba dans un abattement propice à mon opération… Je m’armai de courage, et je pus, après une heure de travail, extraire l’enfant par morceaux.