Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/395

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il sortit le premier, en m’invitant par un geste à tenir le pan de son habit ; ce que je fis, non sans donner un dernier regard à la camariste. Elle arracha son masque en voyant l’Espagnol dehors, et me montra la plus délicieuse figure du monde.

Je traversai les appartemens à la suite de l’amant ; et quand je me trouvai dans le jardin, en plein air, j’avoue que je respirai comme si l’on m’eût ôté un poids énorme de dessus la poitrine. Je marchais à une distance respectueuse de mon guide, en veillant sur ses moindres mouvemens avec la plus grande attention.

Arrivés à la petite porte, il me prit par la main, et m’appuya sur les lèvres un cachet, monté en bague, que je lui avais vu à un doigt de la main gauche. Je compris toute la valeur de ce signe éloquent. Nous nous trouvâmes dans la rue ; et, au lieu de la voiture, deux chevaux nous attendaient. Nous montâmes chacun sur une des deux bêtes ; mon Espagnol s’empara de ma bride, la tint dans sa main gauche, prit entre ses dents les guides de sa monture, car il avait son paquet sanglant dans sa main droite, et nous partîmes avec la rapidité de l’éclair. Il me fut impossible de remarquer le moindre objet qui pût servir à me faire