Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/9

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Vous trouverez ailleurs, en Europe, d’élégantes manières, de la cordialité, de la bonhomie, de la science ; mais à Paris seulement, dans ce salon et dans quelques autres encore, se rencontre l’esprit particulier qui donne à toutes ces qualités sociales un agréable et capricieux ensemble, je ne sais quelle allure fluviale qui fait facilement serpenter cette profusion de pensées, de formules, de contes, de documens historiques. Paris, capitale du goût, connaît seul cette science qui change une conversation en une joute, où chaque nature d’esprit se condense par un trait, où chacun dit sa phrase et jette son expérience dans un mot, où tout le monde s’amuse, se délasse et s’exerce.

Aussi, là seulement, vous échangerez vos idées, là vous ne porterez pas, comme le dauphin de la fable, quelque singe sur vos épaules ; là vous serez compris, et vous ne risquerez pas de mettre au jeu des pièces d’or contre du billon ; là, des secrets bien trahis ; là, des causeries légères et profondes ondoyent, tournent, changent d’aspect et de couleurs à chaque phrase. Les critiques vives, les récits pressés abondent ; les yeux écoutent ; les gestes interrogent ; la physionomie répond ; tout est esprit et pensée.