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profondément inquiété Simon, et éveillé l’attention des soixante bourgeois convoqués. Bientôt, on se mit à écrire les bulletins, et le rusé Pigoult réussit à faire porter monsieur Mollot, le greffier du tribunal, et monsieur Godivet, le receveur de l’enregistrement. Ces deux nominations mécontentèrent nécessairement Fromaget le pharmacien, et Marcelin, l’avoué.

— Vous avez servi, leur dit Achille Pigoult, à manifester notre indépendance ; soyez plus fiers d’avoir été rejetés que vous ne le seriez d’avoir été choisis.

On se mit à rire.

Simon Giguet fit régner le silence en demandant la parole au président, dont la chemise était déjà mouillée, et qui rassembla tout son courage pour dire : — La parole est à monsieur Simon Giguet.


CHAPITRE IV

UN PREMIER ORAGE PARLEMENTAIRE


— Messieurs, dit l’avocat, qu’il me soit permis de remercier monsieur Achille Pigoult qui, bien que notre réunion soit toute amicale…

— C’est la réunion préparatoire de la grande réunion préparatoire, dit l’avoué Marcelin.

— C’est ce que j’allais expliquer, reprit Simon. Je remercie avant tout monsieur Achille Pigoult d’y avoir introduit la rigueur des formes parlementaires. Voici la première fois que l’Arrondissement d’Arcis usera librement…

— Librement ?… dit Pigoult en interrompant l’orateur.

— Librement, cria l’assemblée.

— Librement, reprit Simon Giguet, de ses droits dans la grande bataille de l’élection générale de la chambre des députés, et comme dans quelques jours nous aurons une réunion à laquelle assisteront tous les électeurs pour juger du mérite des candidats, nous devons nous estimer très-