Page:Balzac-Le député d'Arcis-1859.djvu/356

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Madame de Camps qui ne connaissait pas encore le nouveau député, mit toute son attention à l’observer et elle ne se repentit pas d’avoir prêché pour qu’on ne lui fît pas d’avanie.

Sallenauve expliqua sa visite par une grande curiosité de savoir comment les choses s’étaient passées à Ville-d’Avray ; s’il eût appris que Marie-Gaston avait été trop vivement affecté, malgré l’heure avancée de la soirée, il se serait mis en route pour aller le rejoindre : quant aux démarches qui avaient occupé sa journée, elles n’avaient encore été couronnées d’aucune espèce de succès.

Profitant de $on titre de député, espèce de passe-partout universel, il avait vu le préfet de police, qui l’avait adressé à monsieur de Saint-Estève, le chef de la police de sûreté. Au fait comme tout Paris, du passé de cet homme, Sallenauve avait été tout surpris de trouver en lui un fonctionnaire de fort bonnes façons ; mais ce grand homme de police ne lui avait pas donné beaucoup d’espérances : — Une femme cachée dans Paris, lui avait-il dit, est une véritable anguille cachée dans le meilleur de ses trous. — Lui-même, aidé de Jacques Bricheteau devait continuer ses recherches pendant toute la journée du lendemain, mais si, dans la soirée, ni lui, ni le grand inquisiteur de la préfecture n’avaient rien découvert, il était décidé à partir immédiatement pour rejoindre à Ville-d’Avray Marie-Gaston, sur le compte duquel il ne partageait pas la sécurité de madame de l’Estorade.

Comme il prenait congé avant le retour de monsieur de l’Estorade et de monsieur Octave de Camps qui était convenu de venir reprendre sa femme :

— Vous n’oubliez pas, lui dit madame de l’Estorade, que c’est après-demain soir le bal de Naïs ; vous vous brouilleriez mortellement avec elle, si vous y manquiez. Tâchez de décider Marie-Gaston à vous accompagner ; ce sera toujours une distraction.

Quand on fut revenu du spectacle, monsieur Octave de Camps déclara que de longtemps on ne le reprendrait à