Page:Balzac-Le député d'Arcis-1859.djvu/93

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dreville, était entré chez monsieur le sous-préfet qui voulait avoir un domestique bien stylé.

— Mais, monsieur, Anicette est la filleule de mon père. Papa qui voulait du bien à cette petite dont le père est mort, l’a envoyée à Paris, pour y être couturière, parce que ma mère ne pouvait la souffrir.

— Est-elle jolie ?

— Assez, monsieur le sous-préfet. À preuve qu’à Paris elle a eu des malheurs ; mais enfin, comme elle a des talents, qu’elle sait faire des robes, coiffer, elle est entrée chez la princesse par la protection de monsieur Marin, le premier valet de chambre de monsieur le duc de Maufrigneuse…

— Que t’a-t-elle dit de Cinq-Cygne ? Y a-t-il beaucoup de monde ?

— Beaucoup, monsieur. Il y a la princesse et monsieur d’Arthez… le duc de Maufrigneuse et la duchesse, le jeune marquis… Enfin, le château est plein… Monseigneur l’évêque de Troyes y est attendu ce soir…

— Monseigneur Troubert ?… Ah ! je voudrais bien savoir s’il y restera quelque temps…

— Anicette le croit, et elle croit que monseigneur vient pour le comte qui loge au Mulet. On attend encore du monde. Le cocher a dit qu’on parlait beaucoup des élections… Monsieur le président Michu doit y aller passer quelques jours…

— Tâche de faire venir cette femme de chambre en ville, sous prétexte d’y chercher quelque chose… Est-ce que tu as des idées sur elle ?…

— Si elle avait quelque chose à elle, je ne dis pas !… Elle est bien finaude.

— Dis-lui de venir te voir à la sous-préfecture.

— Oui, monsieur, j’y vas.

— Ne lui parle pas de moi ! elle ne viendrait point, propose-lui une place avantageuse…

— Ah ! monsieur… j’ai servi à Gondreville.

— Tu ne sais pas pourquoi ce message de Cinq-Cygne à cette heure, car il est neuf heures et demie…