Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/144

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pages par les orages parisiens, ni la senteur équivoque de sa couverture, ni les gr ? ins de tabac qu’y avait laissés le vieux médecin auquel il appartint jadis, et dont je fus jaloux en lisant ces mots écrits d’une main tremblante : Ex lihris Angard.

Brst ! quand j’eus lu Borelli, je jetai Borelli, je maudis Borelli, je méprisai le vieux Borelli, qui ne me disait rien de actu, comme plus tard le jeune homme baisse la tête en reconnaissant sa première amie, l’ingrat ! Le savant Italien, doué de la patience de Malpighi, avait passé des années à éprouver, à déterminer la force des divers appareils établis par la nature dans notre système musculaire. Il a évidemment prouvé que le mécanisme intérieur de forces réelles constitué par nos muscles avait été disposé pour des efforts doubles de ceux que nous voulions faire.

Certes, cet Italien est le machiniste le plus habile de cet opéra changeant nommé l’homme. À suivre, dans son ouvrage, le mouvement de nos leviers et de nos contre-poids, à voir avec quelle prudence le Créateur nous a donné des balanciers naturels pour nous soutenir en toute espèce de pose, il est impossible de ne pas nous considérer comme d’infatigables danseurs de corde. Or, je me souciais peu des moyens, je