Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/67

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des couleurs locales que lui fournirent les habitudes des deux contrées. Enfin il termina ainsi :

— Il est facile, messieurs, d’expliquer cette lacune dans la science. Eh ! quel homme jeune ou vieux serait assez hardi pour assumer sur sa tête une aussi accablante responsabilité ? Pour entreprendre un traité de la vie élégante, il faudrait avoir un fanatisme d’amour-propre inimaginable ; car ce serait vouloir dominer les personnes élégantes de Paris, qui, elles-mêmes, tâtonnent, essayent et n’arrivent pas toujours à la grâce.

En ce moment, d’amples libations ayant été faites en l’honneur de la fashionable déesse du thé, les esprits s’étaient élevés au ton de l’illuminisme. Alors, un des plus élégants[1] rédacteurs de la Mode se leva en jetant un regard de triomphe sur ses collaborateurs :

— Cet homme existe, dit-il.

Un rire général accueillit cet exorde, mais le silence de l’admiration y succéda bientôt quand il eut ajouté :

Brummel !… Brummel est à Boulogne, banni de l’Angleterre par de trop nombreux créanciers, oublieux des services que ce patriarche de la fashion a rendus à sa patrie !…

  1. Ici, l’élégance s’applique au costume. (Note de l’Auteur.)