Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/459

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Il en était de cette idée du curé comme des citations de la Bilboquéide, elle revenait souvent.

— Cela veut dire, répondit le père Guerbet, que la Bourgogne sera toujours le pays des coups de poing.

— Ce n’est pas si mal, dit le curé, ce que vous dites là ! c’est presque l’histoire de notre pays.

— Je ne sais pas l’histoire de France, s’écria Soudry, mais avant de l’apprendre je voudrais bien savoir pourquoi mon compère entre avec Socquard dans le café ?

— Oh ! reprit le curé, s’il y entre et s’y arrête, vous pouvez être certain que ce n’est pas pour des actes de charité.

— C’est un homme qui me donne la chair de poule quand je le vois, dit madame Vermut.

— Il est tellement à craindre, reprit le médecin, que s’il m’en voulait, je ne serais pas encore rassuré par sa mort ; il est homme à se relever de son cercueil pour vous jouer quelque mauvais tour.

— Si quelqu’un peut nous envoyer le Tapissier ici, le 15 août, et le prendre dans quelque traquenard, c’est Rigou, dit le maire à l’oreille de sa femme.

— Surtout, répondit-elle à haute voix, si Gaubertin et toi, mon cœur, vous vous en mêlez…

— Tiens, quand je le disais ! s’écria monsieur Guerbet en poussant le coude à monsieur Sarcus, il a trouvé quelque jolie fille chez Socquard, et il la fait monter dans sa voiture…

— En attendant que… répondit le greffier.

— En voilà un de dit sans malice, s’écria monsieur Guerbet en interrompant le poète.

— Vous êtes dans l’erreur, messieurs, dit madame Soudry, le père Rigou ne pense qu’à nos intérêts, car, si je ne me trompe, cette fille est une fille à Tonsard.

— C’est le pharmacien qui s’approvisionne de vipères, s’écria le père Guerbet.

— On dirait, répondit monsieur Gourdon le médecin, que vous avez vu venir monsieur Vermut notre pharmacien, à la manière dont vous parlez.

Et il montra le petit apothicaire de Soulanges qui traversait la place.

— Le pauvre bonhomme ! dit le greffier, soupçonné de faire