Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/513

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— Joseph, dit le comte à son valet de chambre, courez chercher monsieur Gourdon, car il faut tâcher de sauver l’enfant !… Et vous, dit-il à un jardinier, allez savoir ce qui s’est passé.

— Il s’est passé, dit le domestique du pavillon, que le cheval de monsieur Michaud vient de rentrer tout seul, les brides cassées, les jambes en sang…. Il y a une tache de sang sur la selle, comme une coulure.

— Que faire la nuit ! dit le comte. Allez éveiller Groison, allez chercher les gardes, sellez les chevaux, et nous battrons la campagne.

Au petit jour huit personnes, le comte, Groison, les trois gardes et deux gendarmes venus de Soulanges avec le maréchal-des-logis, explorèrent le pays. On finit, au milieu de la journée, par trouver le corps du garde-général dans un bouquet de bois, entre la grande route et celle de La-Ville-aux-Fayes, au bout du parc des Aigues, à cinq cents pas de la grille de Couches. Deux gendarmes partirent, l’un pour La-Ville-aux-Fayes chercher le procureur du roi, et l’autre pour Soulanges chercher le juge-de-paix. En attendant, monsieur de Montcornet fit un procès-verbal, aidé par le maréchal-des-logis. On trouva sur la grande route le piétinement d’un cheval qui s’était cabré, à la hauteur du second pavillon, et les traces vigoureuses du galop d’un cheval effrayé jusqu’au premier sentier du bois au-dessous de la haie. Le cheval n’étant plus guidé avait pris par là ; le chapeau de Michaud était dans ce sentier. Pour revenir à son écurie, le cheval avait pris le chemin le plus court. Michaud avait une balle dans le dos, la colonne vertébrale était brisée.

Groison et le maréchal-des-logis étudièrent avec une sagacité remarquable le terrain autour du piétinement qui indiquait ce qu’en style judiciaire on nomme le théâtre du crime, et ils ne purent découvrir aucun indice. La terre était trop gelée pour garder l’empreinte des pieds de celui qui avait tué Michaud ; ils trouvèrent seulement le papier d’une cartouche. Quand le procureur du roi, le juge d’instruction et monsieur Gourdon vinrent pour relever le corps et en faire l’autopsie, il fut constaté que la balle, (qui) s’accordait avec les débris de la bourre, était une balle de fusil de