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Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/565

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Car, dans leur colère contre une rivale, toutes les femmes, même les duchesses, emploient l’invective, et s’avancent jusque dans les tropes de la Halle ; elles font alors arme de tout.

Vouloir convaincre Caroline d’erreur et lui prouver que madame de Fischtaminel vous est indifférente, vous coûterait trop cher. C’est une sottise qu’un homme d’esprit ne commet pas dans son ménage : il y perd son pouvoir et il s’y ébrèche.

Oh ! Adolphe, tu es arrivé malheureusement à cette saison si ingénieusement nommée l’été de la Saint-Martin du mariage. Hélas ! il faut, chose délicieuse ! reconquérir ta femme, ta Caroline, la reprendre par la taille, et devenir le meilleur des maris en tâchant de deviner ce qui lui plaît, afin de faire à son plaisir au lieu de faire à ta volonté ! Toute la question est là désormais.





LES TRAVAUX FORCÉS.


Admettons ceci, qui, selon nous, est une vérité remise à neuf :


axiome.

La plupart des hommes ont toujours un peu de l’esprit qu’exige une situation difficile, quand ils n’ont pas tout l’esprit de cette situation.

Quant aux maris qui sont au-dessous de leur position, il est impossible de s’en occuper : il n’y a pas de lutte, ils entrent dans la classe nombreuse des Résignés.

Adolphe se dit donc : ─ Les femmes sont des enfants : présentez-leur un morceau de sucre, vous leur faites danser très-bien toutes les contredanses que dansent les enfants gourmands ; mais il faut toujours avoir une dragée, la leur tenir haut, et… que le goût des dragées ne leur passe point. Les Parisiennes (Caroline est de Paris) sont excessivement vaines, elles sont gourmandes !… On ne gouverne les hommes, on ne se fait des amis, qu’en les prenant tous par leurs vices, en flattant leurs passions : ma femme est à moi !

Quelques jours après, pendant lesquels Adolphe a redoublé d’attentions pour sa femme, il lui tient ce langage :