Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/100

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LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Et qui donc êtes-vous, Monsieur ?

SAINT-CHARLES.

Un homme de confiance dont monsieur le duc se défie, et je reçois des appointements pour éclaircir les choses mystérieuses.

MADEMOISELLE DE VAUDREY, à la duchesse.

Oh ! Louise !

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, regardant fixement Saint-Charles.

Et qui vous a donné l’audace de me parler, Monsieur ?

SAINT-CHARLES.

Votre danger, Madame. On me paye pour être votre ennemi Ayez autant de discrétion que moi, daignez me prouver que votre protection sera plus efficace que les promesses un peu creuses de monsieur le duc, et je puis vous donner la victoire. Mais le temps presse, le duc va venir, et s’il nous trouvait ensemble, le succès serait étrangement compromis.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, à Mademoiselle de Vaudrey.

Ah ! quelle nouvelle espérance ! (À Saint-Charles.) Et qu’alliez-vous donc faire chez M. de Frescas ?

SAINT-CHARLES.

Ce que je fais en ce moment auprès de vous, Madame.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Ainsi, vous vous taisez.

SAINT-CHARLES.

Madame la duchesse ne me répond pas : le duc a ma parole et il est tout-puissant.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Et moi, Monsieur, je suis immensément riche ; mais n’espérez pas m’abuser. (Elle se lève.) Je ne serai point la dupe de M. de Montsorel, je reconnais toute sa finesse dans cet entretien secret que vous me demandez ; je vais compléter, Monsieur, vos documents. (Avec finesse.) M. de Frescas n’est pas un misérable, ses domestiques ne sont pas des assassins, il appartient à une famille aussi riche que noble, et il épouse la princesse d’Arjos.

SAINT-CHARLES.

Oui, Madame, un envoyé du Mexique a produit des lettres de M. de Christoval, des actes extraordinairement authentiques. Vous avez mandé un secrétaire de la légation d’Espagne qui les a reconnus les cachets, les timbres, les légalisations… ah ! tout est parfait.