Ah ! j’avais oublié ! Monsieur, il m’est impossible de vous accorder le moment d’audience que vous m’aviez demandé. Demain… plus tard.
Ma nièce, Monsieur, est hors d’état de vous entendre
Demain, Mesdames, il ne serait plus temps ! la vie de votre fils, le marquis de Montsorel, qui se bat demain avec M. de Frescas, est menacée.
Mais ce duel est une horrible chose !
Vous oubliez déjà que Raoul vous est étranger.
Monsieur, mon fils saura faire son devoir.
Viendrais-je, Mesdames, vous instruire de ce qui se cache toujours à une mère, s’il ne s’agissait que d’un duel ? Votre fils sera tué sans combat. Son adversaire a pour valets des spadassins, des misérables auxquels il sert d’enseigne.
Et quelle preuve en avez-vous ?
Un soi-disant intendant de M. Frescas m’a offert des sommes énormes pour tremper dans la conspiration ourdie contre la famille de Christoval. Pour me tirer de ce repaire, j’ai feint d’accepter : mais au moment où j’allais prévenir l’autorité, dans la rue, deux hommes m’ont jeté par terre en courant, et si rudement que j’ai perdu connaissance : ils m’ont fait prendre à mon insu un violent narcotique, m’ont mis en voiture, et à mon réveil j’étais dans la plus mauvaise compagnie. En présence de ce nouveau péril, j’ai retrouvé mon sang-froid, je me suis tiré de ma prison, et me suis mis à la piste de ces hardis coquins.
Vous venez ici pour M. de Montsorel, à ce que nous a dit Joseph ?
Oui, Madame.