Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FAUSTINE, à Marie.

Mon enfant, mettez-vous là près de moi. (À Lothundiaz.) Vous pouvez vous asseoir.

LOTHUNDIAZ.

Vous êtes bien bonne, Madame ; mais permettez-moi d’aller voir cette fameuse galerie dont on parle dans toute la Catalogne. (Il sort.)


Scène XIV.

FAUSTINE, MARIE.
FAUSTINE.

Mon enfant, je vous aime et sais en quelle situation vous vous trouvez. Votre père veut vous marier à mon cousin Sarpi, tandis que vous aimez Fontanarès.

MARIE.

Depuis cinq ans, Madame.

FAUSTINE.

À seize ans on ignore ce que c’est que d’aimer.

MARIE.

Qu’est-ce que cela fait, si j’aime ?

FAUSTINE.

Aimer, mon ange, pour nous, c’est se dévouer.

MARIE.

Je me dévouerai, Madame.

FAUSTINE.

Voyons ? renonceriez-vous à lui, pour lui, dans son intérêt ?

MARIE.

Ce serait mourir, mais ma vie est à lui.

FAUSTINE, à part et en se levant.

Quelle force dans la faiblesse de l’innocence ! (Haut.) Vous n’avez jamais quitté la maison paternelle, vous ne connaissez rien du monde ni de ses nécessités, qui sont terribles ! Souvent un homme périt pour avoir rencontré soit une femme qui l’aime trop, soit une femme qui ne l’aime pas : Fontanarès peut se trouver dans cette situation. Il a des ennemis puissants ; sa gloire, qui est toute sa vie, est entre leurs mains : vous pouvez les désarmer.

MARIE.

Que faut-il faire ?