Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/267

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même où le ministère public prétend qu’il conspirait, peut-être il l’aura eue. Si le fait est vrai, si elle déclare qu’il est resté près d’elle, si le père et la mère pressés de questions, si le rival de Jules auprès de Paméla confirme leur témoignage... alors nous pourrons espérer... entre une condamnation et un alibi, les jurés choisiront l’alibi.

MADAME ROUSSEAU, à part.

Ah ! Monsieur, vous me rendez la vie.

ROUSSEAU.

Monsieur, notre reconnaissance est éternelle.

DUPRÉ, les regardant.

Quelle somme dois-je offrir à la fille, au père et à la mère?

MADAME DU BROCARD.

Ils sont pauvres?

DUPRÉ.

Mais enfin, il s’agit de leur honneur.

MADAME DU BROCARD.

Une fleuriste.

DUPRÉ, ironiquement.

Ce ne sera pas cher.

M. ROUSSEAU.

Que pensez-vous?

DUPRÉ.

Je pense que vous marchandez déjà la tête de votre fils.

MADAME DU BROCARD.

Mais, Monsieur Dupré, allez jusqu’à...

MADAME ROUSSEAU.

Jusqu’à...

DUPRÉ.

Jusqu’à...

M. ROUSSEAU.

Mais je ne comprends pas votre hésitation... Monsieur, tout ce que vous jugerez convenable.

DUPRÉ.

Ainsi, j’ai plein pouvoir... Mais quelle réparation lui offrirez-vous si elle livre son honneur pour vous rendre votre fils, qui, peut-être, lui a dit qu’il l’aimait?

MADAME ROUSSEAU.

Il l’épousera. Moi je sors du peuple, je ne suis pas marquise.