Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/280

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DUPRÉ.

Mon enfant, ce n’est pas tout !… vous êtes franche comme l’acier, vous êtes vive, et pour réussir… il faut de l’assurance… une volonté…

PAMÉLA.

Oh ! Monsieur vous verrez !

DUPRÉ.

N’allez pas vous troubler… osez tout avouer… Courage ! Figurez-vous la cour d’assises, le président, l’avocat général, l’accusé, moi, au barreau ; le jury est là… N’allez pas vous épouvanter… Il y aura beaucoup de monde.

PAMÉLA.

Ne craignez rien.

DUPRÉ.

Un huissier vous a introduite ; vous avez décliné vos noms et prénoms !… Enfin le président vous demande depuis quand vous connaissez l’accusé Rousseau… que répondez-vous ?

PAMÉLA.

La vérité !… Je l’ai rencontré un mois environ avant son arrestation, à l’Île d’Amour, à Belleville.

DUPRÉ.

En quelle compagnie était-il ?

PAMÉLA.

Je n’ai fait attention qu’à lui.

DUPRÉ.

Vous n’avez pas entendu parler politique ?

PAMÉLA, étonnée.

Ô Monsieur ! les juges doivent penser que la politique est bien indifférente à l’Île d’Amour.

DUPRÉ.

Bien, mon enfant ; mais il vous faudra dire tout ce que vous savez sur Jules Rousseau !

PAMÉLA.

Eh mais, je dirai encore la vérité, tout ce que j’ai déclaré au juge d’instruction ; je ne savais rien de la conspiration, et j’ai été dans le plus grand étonnement quand on est venu l’arrêter chez moi ; à preuve que j’ai craint que M. Jules ne fût un voleur, et que je lui en fais mes excuses.

DUPRÉ.

Il faut avouer que depuis le temps de votre liaison avec ce