Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/290

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la comtesse de Verby pourrait s’opposer au mariage… toute apparence d’amourette disparaîtra… on n’y verra qu’un dévouement payé au poids de l’or.

ROUSSEAU.

En effet, je remplirai mon devoir envers cette jeune fille. Je lui donnerai huit ou dix mille francs… Il me semble que c’est bien !… très-bien !…

MADAME ROUSSEAU, contenue par madame du Brocard, éclate à ces derniers mots.

Ah ! Monsieur !… et son honneur ?

ROUSSEAU.

Eh bien !… on la mariera.


Scène VI.

Les mêmes, BINET.
BINET, accourant.

Monsieur ! Madame !… de l’eau de Cologne quelque chose… je vous en prie !…

TOUS.

Quoi !… qu’y a-t-il ?

BINET.

M. Antoine, votre domestique, amène ici mademoiselle Paméla.

ROUSSEAU.

Mais qu’est-il arrivé ?…

BINET.

En voyant rentrer le jury, elle s’est trouvée mal !… le père et la mère Giraud, qui étaient dans la foule à l’autre bout, n’ont pas pu bouger… moi j’ai crié, et le président m’a fait mettre à la porte !…

MADAME ROUSSEAU.

Mais Jules !… mon fils !… qu’a dit le jury ?

BINET.

Je n’en sais rien !… moi je n’ai vu que Paméla… votre fils, c’est très-bien, je ne vous dis pas ! mais écoutez donc, moi, Paméla…

DE VERBY.

Mais tu as dû voir sur la physionomie des jurés !…

BINET.

Ah ! oui !… le monsieur… le chef du jury… avait l’air si triste… si sévère !… que je crois bien !…

(Mouvement de terreur.)