Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme est très-indiscrète et qu’elle l’aurait compromis… Je ne puis t’en dire davantage.

PAULINE.

Compromis ! Et pourquoi compromis ?

GERTRUDE, se levant.

Si elle l’aime, elle a un caractère de fer ! Mais où se seraient-ils vus ? Je ne la quitte pas le jour, Champagne le voit à toute heure à la fabrique… Non, c’est absurde… Si elle l’aime, elle l’aime à elle seule, comme font toutes les jeunes filles qui commencent à aimer un homme sans qu’il s’en aperçoive ; mais s’ils sont d’intelligence, je l’ai frappée trop droit au cœur pour qu’elle ne lui parle pas, ne fût-ce que des yeux. Oh ! je ne les perdrai pas de vue.

GODARD.

Nous avons gagné, monsieur Ferdinand, à merveille !

(Ferdinand quitte le jeu et se dirige vers Gertrude.)
PAULINE, à part.

Je ne croyais pas qu’on pût souffrir autant sans mourir.

FERDINAND, à Gertrude.

Madame, c’est à vous à me remplacer.

GERTRUDE.

Pauline, prends ma place. (À part.) Je ne puis pas lui dire qu’il aime Pauline, ce serait lui en donner l’idée. Que faire ? (À Ferdinand.) Elle m’a tout avoué.

FERDINAND.

Quoi ?

GERTRUDE.

Mais, tout !

FERDINAND.

Je ne comprends pas… Mademoiselle de Grandchamp ?…

GERTRUDE.

Oui.

FERDINAND.

Eh bien ! qu’a-t-elle fait ?

GERTRUDE.

Vous ne m’avez pas trahie ? Vous n’êtes pas d’intelligence pour me tuer ?