Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/377

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GERTRUDE, au général.

Elle ment ! observez-la.

PAULINE.

Madame a sans doute des raisons pour me supposer un attachement pour le commis de mon père. Oh ! je te vois, elle te fera dire : Si votre cœur, ma fille, n’a point de préférence, épousez Godard ! (À Gertrude.) Ce trait, Madame, est infâme ! me faire abjurer mon amour devant mon père ! Oh ! je me vengerai !

GERTRUDE.

À votre aise ; mais vous épouserez Godard.

LE GÉNÉRAL, à part.

Seraient-elles mal ensemble !… Je vais interroger Ferdinand. (Haut.) Que dites-vous donc entre vous ?

GERTRUDE.

Ta fille, mon ami, m’en veut de ce que j’ai pu la croire éprise d’un subalterne ; elle en est profondément humiliée.

LE GÉNÉRAL.

C’est décidé, tu ne l’aimes pas ?

PAULINE.

Mon père, je… je ne vous demande pas à me marier ! je suis heureuse ! la seule chose que Dieu nous ait donnée en propre, à nous autres femmes, c’est notre cœur… Je ne comprends pas pourquoi madame de Grandchamp, qui n’est pas ma mère, se mêle de mes sentiments.

GERTRUDE.

Mon enfant, je ne veux que votre bonheur. Je suis votre belle-mère, je le sais, mais si vous aviez aimé Ferdinand, j’aurais…

LE GÉNÉRAL, baisant la main de Gertrude.

Que tu es bonne !

PAULINE, à part.

J’étouffe !… Ah je voudrais lui faire bien du mal !

GERTRUDE.

Oui, je me serais jetée aux pieds de votre père pour obtenir son consentement, s’il l’avait refusé.

LE GÉNÉRAL.

Voici Ferdinand. (À part.) Je vais le questionner à ma manière, je saurai peut-être quelque chose.