Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/47

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LAFOURAILLE.

Le voici ! Sa figure ne me revient pas ce matin, le temps est a l’orage, j’aime mieux que ça tombe sur un autre, donnons-nous de l’air.

(Il va pour sortir.)

Scène II.

VAUTRIN, LAFOURAILLE.
Vautrin paraît en pantalon a pieds de molleton blanc, avec un gilet rond de pareille étoffe, pantoufles de maroquin rouge, enfin, la tenue d’un homme d’affaires, le matin.
VAUTRIN.

Lafouraille ?

LAFOURAILLE.

Monsieur.

VAUTRIN.

Où vas-tu ?

LAFOURAILLE.

Chercher vos lettres.

VAUTRIN.

Je les ai. As-tu encore quelque chose à faire ?

LAFOURAILLE.

Oui, votre chambre…

VAUTRIN.

Eh bien ! dis donc tout de suite que tu désires me quitter. J’ai toujours vu que des jambes inquiètes ne portaient pas de conscience tranquille. Tu vas rester là, nous avons à causer.

LAFOURAILLE.

Je suis à vos ordres.

VAUTRIN.

Je l’espère bien. Viens ici. Tu nous rabâchais, sous le beau ciel de la Provence, certaine histoire peu flatteuse pour toi. Un intendant t’avait joué par-dessous jambe : te rappelles-tu bien ?

LAFOURAILLE.

L’intendant ? ce Charles Blondet, le seul homme qui m’ait volé ! Est-ce que cela s’oublie ?

VAUTRIN.

Ne lui avais-tu pas vendu ton maître une fois ? C’est assez commun.