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Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/73

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RAOUL, à part.

Par moments ma nature se révolte contre tous ses bienfaits ! Quand il met la main sur mon épaule, j’ai la sensation d’un fer chaud ; et cependant il ne m’a jamais fait que du bien ! il me cache les moyens, et les résultats sont tous pour moi.

VAUTRIN.

Que dis-tu là ?

RAOUL.

Je dis que je n’accepte rien, si mon honneur…

VAUTRIN.

On en aura soin, de ton honneur ! N’est-ce pas moi qui l’ai développé ? A-t-il jamais été compromis ?

RAOUL.

Tu m’expliqueras.

VAUTRIN.

Rien.

RAOUL.

Rien ?

VAUTRIN.

N’as-tu pas dit, par tous les moyens possibles ?… Inès une fois à toi, qu’importe ce que j’aurai fait ou ce que je suis ? Tu emmèneras Inès, tu voyageras. La famille de Christoval protégera le prince d’Arjos. (À Lafouraille.) Frappez des bouteilles de vin de Champagne, votre maître se marie, il va dire adieu à la vie de garçon, ses amis sont invités, allez chercher ses maîtresses, s’il lui en reste ! Il y a noce pour tout le monde. Branle-bas général, et la grande tenue.

RAOUL.

Son intrépidité m’épouvante ; mais il a toujours raison.


VAUTRIN.

À table !

RAOUL.

À table !

VAUTRIN.

N’aie pas le bonheur triste, viens rire une dernière fois dans toute ta liberté ; je ne te ferai servir que des vins d’Espagne, c’est gentil.

FIN DU TROISIÈME ACTE.