Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/86

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VAUTRIN.

Vous n’irez pas. (À Raoul.) Un duel ? la partie est-elle égale ? Monsieur est-il comme vous le fils unique d’une grande maison ? Votre père, don Inigo, Juan, Varago des los Amoagos de Cardaval, las Frescas, y Péral vous le permettrait-il, don Raoul ?

LE MARQUIS.

Je consentais à me battre avec un inconnu, mais la grande maison de Monsieur ne gâte rien à l’affaire.

RAOUL, au marquis.

Il me semble que maintenant, Monsieur, nous pouvons nous traiter avec courtoisie et en gens qui s’estiment assez l’un l’autre pour se haïr et se tuer.

LE MARQUIS, regardant Vautrin.

Peut-on savoir le nom de votre mentor ?

VAUTRIN.

À qui aurais-je l’honneur de répondre ?

LE MARQUIS.

Au marquis de Montsorel, monsieur.

VAUTRIN, le toisant.

J’ai le droit de me taire ; mais je vous dirai mon nom, une seule fois, bientôt, et vous ne le répéterez pas. Je serai le témoin de M. de Frescas. (À part.) Et Buteux sera l’autre.


Scène X.

RAOUL, VAUTRIN, LE MARQUIS, LA DUCHESSE DE MONTSOREL ; puis LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, INÈS.
UN VALET, annonçant.

Madame la duchesse de Montsorel,

VAUTRIN, à Raoul.

Pas d’enfantillage : de l’aplomb et au pas ! je suis devant l’ennemi.

LE MARQUIS.

Ah ! ma mère, venez-vous assister à ma défaite ? Tout est conclu. La famille de Christoval se jouait de nous. Monsieur (Il montre Vautrin) apporte les pouvoirs des deux pères.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Raoul a une famille ? (Madame de Christoval et sa fille entrent et saluent la