Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/471

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nue ? » Georges donne le petit billet à son maître, et le baron, ne doutant pas que Georges ne s’entende ou avec moi ou avec vous, monsieur Peyrade, pour l’exploiter, a mis Georges à la porte. En v’là un imbécile de banquier ! il ne fallait renvoyer Georges qu’après avoir gougé affec l’eingonnie.

— Georges a vu la femme ?… dit Corentin.

— Oui, dit Contenson.

— Eh ! bien, s’écria Peyrade, comment est-elle ?

— Oh ! répondit Contenson, il ne m’en a dit qu’un mot : un vrai soleil de beauté !…

— Nous sommes joués par des drôles plus forts que nous, s’écria Peyrade. Ces chiens-là vont vendre leur femme bien cher au baron.

Ya, mein Herr ! répondit Contenson. Aussi, en apprenant que vous aviez reçu des giroflées à la Préfecture, ai-je fait jaser Georges.

— Je voudrais bien savoir qui m’a roulé, dit Peyrade, nous mesurerions nos ergots !

— Faut faire les cloportes, dit Contenson.

— Il a raison, dit Peyrade, glissons-nous dans les fentes pour écouter, attendre…

— Nous allons étudier cette version-là, s’écria Corentin, pour le moment, je n’ai rien à faire. Tiens-toi sage, toi, Peyrade ! Obéissons toujours à monsieur le Préfet…

— Monsieur de Nucingen est bon à saigner, fit observer Contenson, il a trop de billets de mille francs dans les veines…

— La dot de Lydie était pourtant là ! dit Peyrade à l’oreille de Corentin.

— Contenson, viens-nous-en, laissons dormir notre père… ade… À de… main.

— Monsieur, dit Contenson à Corentin sur le pas de la porte, quelle drôle d’opération de change aurait faite le bonhomme !… Hein ! marier sa fille avec le prix de !… Ah ! ah ! l’on ferait de ce sujet une jolie pièce, et morale, intitulée : La Dot d’une jeune fille.

— Ah ! comme vous êtes organisés, vous autres !… quelles oreilles tu as !… dit Corentin à Contenson. Décidément la Nature Sociale arme toutes ses Espèces des qualités nécessaires aux services qu’elle en attend ! La Société c’est une autre Nature !